Récompenses

Influences

Le Groupe

 

 

 

 

Interviews

 

Presse

 

MP3

Discographie

Wallpapers

Photos

Les Mauvais Journalistes

Paroles de Nico

 

                                                                                                                                                                               

Daisybox

Dolly

Marylin Manson

 

 

 

 

Aqme

Livre d'or

 

E-Mail

 

 

Bannières

Quizz

Qui est l'astro boy?

Liens

 

Fin du concert. Boris et Nicola laissent exploser "L'aventurier". Sur scène et dans la salle, c'est l'apothéose.
Alors que l'acte 2 du Paradize Tour d'Indochine s'achève, son succès tend à prouver que malgré ses vingt ans d'existence, les coups durs et les changements de personnel, le groupe est plus vivant que jamais.
Cette tournée 2002 a beau être une grosse machine, elle a un visage humain. Celui de Nicola Sirkis.
Nicola Sirkis le dit lui-même : il est "le gardien de l'âme d'Indochine". Le seul membre du groupe originel à être encore là. On en viendrait presque à l'oublier, mais Indochine, c'est un groupe, justement.
Qui a certes souvent changé de visage, au fil des départs, voulus ou non, de ses membres. Mais celui qu'il a pris derrièrement lui a valu l'un de ses plus beaux succès : Paradize, ses singles bien accueillis par les radios, ses milliers d'albums vendus.
Et les trois actes de sa tournée triomphale, avec des salles toujours combles et un public indéfectible. Il fallait relever un tel défi : jouer, et tout donner "trois nuits par semaine" au moins. Vingt ans après, Nicola Sirkis n'a pas lâché l'affaire. Et on le comprend : un succès pareil galvaniserait n'importe qui. Mais cette énergie, Nicola l'a trouvée plus près de lui. Parce qu'il n'est pas seul à écrire cette nouvelle page d'histoire d'Indochine.
Lyon, 6 décembre 2002, Halle Tony Garnier. En grappes fébriles, le public se presse dans une salle déjà bondée une heure avant le début du concert. Dans un bâtiment connexe, ça s'agite aussi. Il est trop tard pour prendre la température du groupe, occupé à enfiler ses costumes de scène.
Entre deux "bonjour" rapides, on aura juste le temps d'apercevoir un Boris occupé à se harnacher d'une espèce filet de plastique vert, et un Oli de Sat en train de faire grimper ses cheveux noirs dans un nuage de laque. De la loge de Nicola, masquée par un paravent pourpre sur lequel est inscrit son nom, s'échappent quelques vocalises : si les musiciens, peu sujets au trac, se préparent dans une ambiance détendue, Nicola Sirkis, lui se concentre, se protège.
En attendant, on croise tout le petit monde qui entoure le groupe : du régisseur au chef de la sécurité, en passant par quelques techniciens, on se côtoie dans une ambiance joviale mais respectueuse. Puis l'effervescence retombe : le concert, c'est le moment où les quarante personnes qui gravitent au tour d'Indochine ont enfin le droit de se reposer.
 

1-2-3--5 : Les yeux, les oreilles, les mains... Entre Nicola et son public, la communion est totale.
Dans la salle, c'est un autre monde. Pendant deux heures, près de huit mille personnes de tout âge hurlent les paroles en choeur, dansent, acclament, applaudissent sans discontinuer. Sur scène, Nicola Sirkis, entièrement vêtu de blanc, le dos barré de la croix de Paradize, tisse un lien magique avec ce public qui, personne ne l'oublie et lui encore moins, a fait l'histoire d'Indochine. Il l'appelle, le filme, le guide, le remercie.
Le groupe, lui, reste assez à l'arrière-plan, sauf Boris, le plus exubérant, qui ne résistera pas à l'envie de "slammer" avant de quitter la scène. Après trois rappels, les lumières se rallument. Une demi-heure plus tard, on regagne les loges avec encore, dans le ventre, les derniers échos des nombreuses décharges d'adrénaline reçues pendant le show. Nicola s'échappe vite après le concert. Le visage dissimulé sous une écharpe et un bonnet, il s'engouffre dans la voiture aux vitres fumées qui l'emmène directement à l'hôtel. Pour lui, pas question de traîner. Physiquement, la tournée est éprouvante. Il faut admettre que c'est sur le chanteur que repose en grande partie la réussite du concert : c'est lui qui attire tous les regards, qui va chercher le public.
"Je suis dans une sorte de sacerdoce, pendant la tournée. Je ne fais pas la fête, je ne m'amuse que sur scène. Le reste du temps, je m'auto-discipline, sans quoi je n'y arriverais pas. C'est carrément un match de foot tous les soirs, plus fort encore. Alors pas d'alcool, rien... Les autres ont l'air de s'amuser, ils font la fête tous les soirs."
Nicola a même engagé une kinésithérapeute, qui le suit sur toute la tournée. Ce qui n'a, dans un premier temps, pas manqué de susciter quelques ricanements au sein du groupe, qui s'avoue aujourd'hui plus heureux chaque jour de pouvoir profiter des services de cette spécialiste. D'ailleurs, dans les loges, c'est déjà le repos du guerrier.
Après s'être débarrassés, en partie au moins, de leurs parures, les cinq musiciens d'Indochine plaisantent comme n'importe quelle bande de copains pourrait le faire. Comme n'importe quel groupe en tournée.
Ils sont satisfaits de leur prestation, jubilent, descendent quelques verres d'alcool léger, se rappellent les anecdotes de la soirée (cela ne se voit pas, mais il se passe de nombreuses private jokes sur scène), et reçoivent affablement les quelques fans privilégiés qui ont réussi à s'introduire dans les loges. Il y a là un couple de jeunes, mi-punky, mi-gothique, déjà vu sur d'autres dates.
Un cousin d'Oli, venu avec quelques amis. Et deux adolescentes de la famille de Boris, impressionnées, fébriles, mais organisées : elles ont préparé pour leurs copains absents des feuilles de classeur tapissées de photos du groupe, prêtes à être signées. L'ambiance est familiale, bon enfant. C'est à leur hôtel que les musiciens termineront la soirée, jusqu'à une heure avancée de la nuit.
 
1-2 : Qu'il soit peinard pendant la balance, ou harnaché et déchaîné sur scène, Boris, c'est toujours la "rock star attitude" Dans le bon sens du terme.
 
3 : Est-ce grâce à son contact privilégié avec un public qui ne cesse de rajeunir? Nicola ignore ce que vieillir veut dire.
Le groupe peut se permettre de faire durer le plaisir, il ne voyage que l'après-midi. Le lendemain, Nicola pour qui, de toute façon, le matin n'existe pas, nous rejoint dans leur bus confortable. Il y a deux heures de trajet jusqu'à Besançon, où Indochine joue ce soir : Boris et Marc, le bassiste, s'endorment, Nicola et Oli sortent leurs ordinateurs portables. Ce dernier passe en revue les innombrables photos de la tournée vue de l'intérieur.
C'est la première tournée d'Oli De Sat, 29 ans, guitariste et principal arrangeur de Paradize. On connaît son histoire : il y a quatre ans, Oli bidouillait encore des mix d'Indochine chez lui, et envoyait ses cassettes à Nicola. Jusqu'au jour où ce dernier a enfin pris le temps de les écouter. Oli fait maintenant partie intégrante du groupe : le rêve de n'importe quel fan. Pour lui, le pari était de taille. Indochine est son premier groupe, et il ne s'était jamais produit sur scène.
"L'Elysée Montmartre a été sa première date!", plaisante Nicola. Oli reste mesuré : "Me réveiller tous les jours en me disant que je vis mon rêve, c'était plutôt sur l'acte I. Maintenant, je suis toujours impressionné, mais moins du fait que ce soit moi qui joue sur scène. Mais je le suis toujours quand à un moment, toute la salle s'éclaire sur "Trois nuits par semaine" : d'un seul coup, tu vois tout ce mur de gens..."
Pour Fred (claviers) et François (ancien batteur de Treponem Pal, qui accompagne Indochine depuis septembre dernier), c'est aussi le baptême du feu. Seul Marc "le vieux loup", est là depuis trois ans. Boris, qui suit Nicola depuis Dancetaria, est également un vieux routard : en 20 ans de carrière, il a joué dans une quantité impressionnante de formations.
Mais le Paradize Tour est la tournée "la plus grosse et la plus belle" que ce professionnel de la scène ait jamais faite. L'alchimie aurait pu ne pas prendre : tous ces musiciens viennent d'horizons différents. Marc a été bassite de jazz. François vient de la scène hardcore/reggae. Fred est tourné vers le gothique, et Oli est fan de Nine Inch Nails. Boris, lui, baigne dans la pop anglaise.
On aurait pu croire qu'un groupe aussi singulier et "vénérable" qu'Indochine serait un cercle très fermé. Mais tous les cinq ont en eux ce quelque chose d'indéfinissable qui les relie à l'univers d'Indochine. Boris emploie une jolie métaphore : "Ça me fait penser à des dominos : il y a deux côtés mais toujours un qui correspond au voisin d'en face." De plus aucun n'a l'impression d'être au service d'Indochine, ou de Nicola.
Tous ont trouvé dans le groupe un moyen de s'exprimer individuellement : "Au début, j'avais tendance à faire attention où je mettais les pieds, se souvient Boris. Des trucs comme "L'Aventurier", incontournables, je les jouais façon Dominique, avec un son clair. Mais Nicola m'a demandé de rajouter de la saturation, de la fuzz. Bon, Indo, c'est Indo, ça fait 20 ans que ça existe.
Mais ce qui m'éclate le plus, c'est que je n'ai pas l'impression de faire de "l'ancien Indochine" : maintenant, c'est "mon groupe", autant que celui de Nicola. Je n'ai pas l'impression de faire partie des meubles. Je fais partie des murs, et j'aime ça." Loin d'être un monument sacré, inviolable, Indochine grandit, change, évolue. On comprend mieux d'où vient le côté plus rock, plus dur des récents concerts.
Nicola aurait pu craindre d'effrayer le public des débuts, ses fans "hardcore", comme il les appelle, mais le succès de la tournée tend à prouver qu'ils l'ont suivi. Et Nicola de remarquer, amusé et ravi, que parmi la nouvelle génération de fans, on trouve des adolescents en tee-shirt Marilyn Manson ou Placebo.
Bien sûr, il reste des mécontents : Boris, décidément le roi de l'anecdote, se remémore ces gens venus lui dire qu'ils regrettaient le départ de l'ancien batteur, qu'ils n'aimaient pas trop "Glory Hole", nouveau morceau plus industriel et plus trash, et, l'air de rien, lui demander "ce qu'il pensait du petit nouveau, là, Oli de Sat".
Le groupe laisse passer. PLus que le succès même, le plaisir que prend le groupe face à son public reste la meilleure preuve que la version 2002 d'Indochine n'a rien à envier au passé.
A Besançon, on est presque à la maison : tous les visages familiers qui entourent le groupe sont déjà là. Nicola, perfectionniste, est présent pour la balance. Sous sa direction, le groupe répète quelques passages, s'attarde sur un son dont il n'est pas satisfait. Puis le chanteur repart à l'hôtel : il a mal à la gorge depuis la veille, et se ménage un peu plus que d'habitude.
Comme sur toutes les tournées, il lui faudra attendre des heures avant de pouvoir jouer son rôle. Pour passer le temps, Boris se met à jouer quelques standards de rock anglais sur la guitare sèche de Nicola. Oli ricane, "il ne manque que les marshmallows à faire griller". Tout le monde sourti. Ici, la complicité vaut n'importe quelle technique de concentration. Le concert de Besançon est moins impressionnant que celui de la veille.
La salle est moitié moins grande, et le mal de gorge de Nicola se fait parfois sentir. Mais c'est encore la même intensité, le même bonheur incroyable. Le concert, lui, est exactement le même que celui de la veille : on pourrait reprocher à Indochine de se couler dans une confortable routine, mais pour Nicola, "si on a un public acquis, il est actif, et on ne sait jamais comment il va réagir".
Le concert s'achève sur un "Aventurier" énorme, comme d'habitude. La salle entière s'enflamme. Debout devant cette forêt de bras tendus, Nicola reçoit cette immense décharge d'énergie positive. Celle qui nourrit Indochine depuis 20 ans. Et l'on se dit ce soir qu'Indochine est un groupe héroïque. Le plus grand qu'on ait jamais vu.

Retour au sommaire des interview
Retour à l'accueil